J’ai improvisé ce gâteau fin novembre pour l’anniversaire de ma deuxième grande fille… le matin de ses 12 ans, en partant à l’école, elle m’avait demandé timidement si le soir elle aurait un gâteau au chocolat. J’allais lui répondre avec un sourire jusqu’aux oreilles que ouiiiii, bingo, c’était exactement ce que j’avais prévu, mais elle ne m’en laissa pas le temps, et ajouta sur le ton de la confidence « Parce que tu comprends maman, j’ai un peu de mal avec le chocolat en ce moment ».
…
J’ai donc pris un air très sûr de moi pour la rassurer alors qu’en vrai, j’étais juste paniquée en pensant au gros fondant tout choco qui l’attendait planqué dans le bas du frigo depuis la veille. L’après-midi fut donc une totale improvisation du fameux gâteau d’anniversaire sans chocolat… Sachant que j’habite quand même à 30 bornes aller-retour du premier commerce – et qu’il fallait donc se débrouiller avec les moyens du bord – j’avais le choix, en gros, entre faire un gâteau aux pommes (wouaaah, super original !) ou un gâteau à… hum, à quoi au fait ? Dans le frigo, j’avais de la tapenade, dans le placard, des sardines, à la cave, des oignons et des choux raves. Le désastre.
Et puis mon regard émerveillé tomba sur Victoria l’ananas (c’était écrit dessus « Ananas Victoria ») que j’avais acheté en prévision d’une séance photo spéciale extracteur de jus. Voilà comment est né ce gâteau qui, pour finir, a été déclaré le soir « gâteau de l’année de la famille Chioca ». Il faut dire que franchement, rien que le parfum du gâteau, c’était déjà à tomber. Moi, je ne l’ai goûté que le lendemain (parce que « gâteau le soir, silhouette en poire ») et je me suis dit qu’il fallait absolument que je retrouve la recette pour vous la donner {parce qu’évidemment, j’avais réalisé ce gâteau à l’arrache, sans rien noter, mais j’aurai dû me méfier car en général, quand je ne note pas une recette, elle est sublime et après j’enrage parce que je n’arrive plus ja-mais à refaire exactement la même. Pff. Tiens, c’est comme pour les photos : je ne sais pas si vous avez remarqué mais quand on est bien sapée, coiffée, maquillée, on fait i-né-lu-cta-ble-ment une tronche de cake. Alors que si votre mari ou vos enfants vous photographient comme ça, sans prévenir, un samedi matin en pantoufles et pyjama façon braies d’Obélix, là on arrive sans souci à se souvenir comment sourire sans avoir l’air niais… Il y aurait de quoi devenir un peu superstitieux}
Pour en revenir au gâteau, il m’a fallu 3 essais pour arriver à le refaire presque aussi bon. Là, il est déjà vraiment sympa, même si je n’ai pas réussi à retrouver cette texture un peu spongieuse qui faisait encore plus « baba » le jour de l’anniversaire de ma grande. Mais bon, on ne va pas chipoter, d’abord parce que les Chioca commencent à en avoir un peu marre des gâteaux à l’ananas, ensuite parce que comme ça il est super bon… Et puis je pense qu’il ferait un très beau gâteau de Noël, car il est léger, moelleux, fruité, c’est exactement le genre de dessert qui me fait très envie à la fin d’un bon repas. Le fait que l’ananas s’appelle « Victoria » est très important parce que c’est l’ananas de la victoire ! (Elle est trop nulle celle-là ? Bon, OK, je l’enlève…) cette variété est particulièrement goûteuse, sucrée, mûre à point ; il faut savoir que ces ananas-là font le voyage en avion, ce qui n’est certes pas très écolo mais on ne mange pas d’ananas Victoria tous les jours, et c’est tellement mieux pour un ananas de mûrir sur son île paradisiaque plutôt que de pûrir* dans les cales d’un énorme paquebot…
(* Non il n’y a pas de faute de frappe. Vous ne connaissez pas le terme « pûrir » ? Il s’applique à tous ces pauvres fruits et légumes cueillis tout verts et qui terminent comme ils peuvent leur maturation dans un bateau ou un semi-remorque. « Pûrir », contraction de « mûrir » et de « pourrir » va bientôt entrer dans le Petit Robert vous verrez…)
Concernant les épices, le rhum, les huiles essentielles, etc. chaque détail a son importance pour que l’harmonie de saveur soit parfaite : par exemple, vous devez mettre une pincée de cannelle, c’est essentiel, mais surtout pas plus d’une pincée car sinon elle deviendra omniprésente, écrasera toutes les autres saveurs, et votre baba des îles paradisiaques se transformera en pain d’épice à l’ananas 🙁
La vanille doit être bien parfumée, charnue, moi j’ai été comblée par ma gentille Manuia qui m’en a offert de son île 😉
Certains d’entre vous vont sûrement me demander si on peut ne pas mettre de rhum… N’est-ce pas ? Je vous ai vu venir hein ? 😉 Mais enfin, là c’est un baba les gars, un baba au rhum. Et un baba au rhum sans rhum, c’est comme une fondue savoyarde sans fromage, un gratin dauphinois sans patates, un bœuf bourguignon sans bœuf, un hot dog sans chien… Mieux vaut changer carrément de recette ! En plus, le rhum va cuire avec le sirop, et perdre beaucoup de son alcool… Tous mes loulous en ont mangé, même la Poupougne de 4 ans, et personne n’est allé ensuite danser le sirtakis, chanter « yo ho une bouteille de rhum » ou ronfler sous la table. Et, non, ce n’est pas parce qu’ils ont été habitués au berceau…
Idem quant au beurre utilisé pour préparer le moule : il n’y en a que très peu, mieux vaut donc vraiment – à moins d’une intolérance totale aux laitages- utiliser du vrai bon beurre bio qui donnera au gâteau un parfum inimitable. Comme il n’y a aucune autre matière grasse dans la pâte, et que vous taillerez sans aucun souci 8 à 10 parts dans ce baba, on se retrouve au final avec moins de 5g de beurre par part et je vous mets au défi de trouver chez votre pâtissier un gâteau aussi doré, moelleux, léger, parfumé, contenant si peu de beurre !
Enfin, vous aurez le choix entre le servir tel qu’il sortira du moule, c’est à dire tout lisse, tout doré, et déjà très beau, ou vous enquiquiner à le décorer comme moi cet après-midi avec des # !!!*# ! de tranches de fruits qui se feront la malle dès que vous aurez le malheur de bouger le gâteau. Après, ça peut aussi être très joli, surtout si vous utilisez des fruits exotiques qui affirmeront encore plus le côté « îles paradisiaques » : j’y verrais bien par exemple des physalis (amour en cage), des tranches de caramboles (cette espèce de courgette côtelée qui forme des jolies étoiles vertes quand on la coupe en tranches) et autres fruits hallucinants qu’on trouve souvent sur les étals en périodes de fête… sauf chez moi, à Trifouilly-la-cambrousse. Voilà pourquoi là aussi, j’ai encore fait avec les moyens du bord…
Baba des Îles
Ingrédients pour un baba de 8 parts
Préparation : 15 min
Cuisson : 10 min à 180°C, puis 20 à 25 min à 150°C.
Pour le gâteau :
1 ananas Victoria, mûr à point (soit 300g de chair une fois épluché)
3 oeufs
125 de farine T130 de grand épeautre
7 cl de sirop d’agave
1 c. à soupe de rhum ambré
3 gouttes d’huile essentielle de citron bio
3 gouttes d’huile essentielle d’orange bio
1 c. à café de poudre à lever
Pour le sirop parfumé
1 pincée de cannelle (ce que vous pouvez tenir entre le pouce et l’index, pas plus)
1 gousse d’excellente vanille, bien charnue, bien parfumée
7 cl d’eau
7 cl de sirop d’agave
5 cl de rhum ambré
Pour la chantilly (facultatif)
Une briquette de 20 cl de crème liquide de coco (ou de vache, pour une fois… c’est Noël !)
1 c. à café d’extrait de vanille liquide
20g de sucre de coco, ou de sucre complet, ou de sucre de bouleau
Facultatif :
Fruits divers pour décorer le baba (# !!!*# !!!)
Pour beurrer le moule :
40g de beurre bio
Commencer par préparer le sirop afin que la vanille ait le temps de bien infuser : mélanger l’eau, le sirop d’agave, la cannelle et le rhum. Fendre la gousse de vanille en deux, gratter soigneusement les graines à l’aide d’un couteau lisse, puis mettre le tout (gousses + graines) dans une petite casserole. Laisser bouillir 3 minutes à petit feu en fouettant de temps en temps, puis poser un couvercle et laisser infuser.
Pendant ce temps, préparer le gâteau : éplucher l’ananas, prélever 300g de chair et la couper en petits morceaux d’1 cm de côté environ.
Beurre généreusement avec les 40g de beurre un moule à savarin de 22 cm de diamètre environ, et assez haut (le mien fait environ 5,5 à 6 cm de hauteur, j’en ai entre temps acheté un deuxième de seulement 4 cm de haut et ce dernier ne vaut vraiment rien ! les gâteaux ont du mal à y lever…)
Fouetter les œufs avec le sirop d’agave, les huiles essentielles et la cuillerée à soupe de rhum jusqu’à ce que le mélange blanchisse, mousse et double au moins de volume (ce pas-à-pas peut vous aider, car la recette de ce baba ressemble beaucoup à la génoise du layer-cake de l’an dernier) comme pour faire un sabayon. Mélanger à part la farine et la levure, puis tamiser le tout au dessus des œufs fouettés. Ajouter les dès d’ananas et mélanger le tout (œufs + ananas + farine) à la spatule souple, en soulevant le mélange dans un mouvement doux et régulier jusqu’à ce que tout soit bien homogène. Ne pas travailler trop longtemps pour ne pas faire retomber les oeufs. Verser la préparation dans le moule à savarin puis enfourner pour 10 min à 180°C, puis baisser la température à 150°C pour les 20 min restantes, sans ouvrir le four entre temps.
Au moment de sortir le gâteau, le piquer avec une brochette ou la pointe d’un couteau, qui doit ressortir propre : si de la pâte non cuite y adhère (et pas seulement un peu de jus d’ananas, pour le cas où vous auriez piqué pile poil sur un morceau) ajouter 5 min de cuisson.
Quand le gâteau est sorti du four, le piquer sur toute la surface à l’aide d’une fourchette afin que le sirop puisse facilement être absorbé. Imbiber ensuite le baba tout doucement, cuillerée après cuillerée, jusqu’à absorption de tout le sirop. Laisser entièrement refroidir dans le moule à savarin, puis décoller délicatement les bords à l’aide d’une spatule ou d’un couteau et renverser le baba sur un plat de service.
A ce stade, on peut s’arrêter là… mais on peut aussi fouetter 20 cl de crème de coco bien froide en chantilly épaisse avec la vanille et le sucre, en tartiner le baba, puis le décorer de fruits de saison au choix : ça en jette un max, tout en ajoutant un petit côté frais-acidulé super gourmand si vous servez ce baba à la fin d’un repas un peu copieux…
Edit du 10/12:
Si vous cherchez un petit concours amusant qui vous aidera en outre à sensibiliser vos enfants à la preservation des océans…
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Bonjour Bonjour 🙂
J’ai découvert depuis quelques semaines l’alimentation à IG bas. Et j’avoue que même si des bonnes patates frites me manquent parfois, je suis vraiment surprise et convaincue de ses bienfaits ! Je découvre donc votre blog avec émerveillement et envie !! (Bave devant ce baba !!!)
J’aimerai beaucoup le réaliser pour l’anniversaire de mon compagnon samedi midi. Est-il possible de le réaliser le vendredi soir ? (et y ajouter la chantilly seulement le lendemain matin) Ne sera-t-il pas trop « mouillé » le lendemain ?
Merci beaucoup de votre réponse et surtout pour votre superbe partage et créations de recettes !!!!
Elise
Pauvre Elise, je suis navrée de te répondre trop tard, je « reprends » tout juste après 4 semaines où je n’ai vraiment pas pu allumer l’ordinateur, et que de retard dans les réponses aux commentaires… J’en suis navrée.
Oui, tu pouvais faire ce gâteau la veille, même la chantilly coco, sans souci. J’espère que mon absence de réponse ne t’en a pas empêché…
Bonne journée à toi, et un grand merci pour ce si gentil message 🙂
Marie
Délicieux, très bien parfumé, le rhum est présent mais pas trop. Chantilly avec la crème épaisse de vache et fruits sur le dessus. Un grand miam !
Merci Marie, belle journée !
J’ai fait cette bûche pour Noel. J’avais fait la génoise quelques jours avant et je l’avais congelée . Un vrai délice. Belle et bonne .Ma chantilly de coco était à peu près réussie. Tu sais c’est moi qui flippe devant les chantilly 😮😮😮😮. Grosses bises Nicole
Aaah, c’est super, merci pour ton gentil retour Ninidio 🙂
Plein de bises, et belle après-midi à toi !
Marie
Bonjour Marie, merci pour vos gentilles réponses à mes messages 🙂
Suite à vos merveilleuses recettes, je souhaiterais investir dans des moules à madeleine (aaahhhh, la recette pour l’apéro :-), ainsi qu’un moule à savarin (je salive à l’avance devant vos gâteaux qui utilisent ce moule, dont ce merveilleux baba).
Auriez vous un conseil sur une marque et/ou un matériau spécifique ?
Votre jardin est somptueux, j’espère que toute votre famille et vous même vous remettez, et que vous pourrez passer des fêtes inspirantes, chaleureuses et ressourçantes.
D’avance merci du temps que vous passez pour nous !
Hélène
Pour le moule à savarin je ne sais pas trop car le mien est ancien, je l’ai chiné pour 2€ dans une brocante est il est sensass… Idem pour les madeleines hélas.
Merci en tout cas pour ce si gentil message Hélène, et vraiment désolée car je n’ai pas l’impression de vous avoir beaucoup aidée sur ce coup là 🙂
Belle soirée à vous,
Marie